
La maison traditionnelle s’est progressivement substituée dans la plupart des villages de Kabylie. Ces maisons élémentaires construites de pierres assemblées et enduites d’un mélange de terre battue et de paille avec une toiture constituées de tuiles (Akarmud) qui abritaient autrefois sous un même toit exigu une famille, avec ses animaux, ses instruments et ses produits.
Rudimentaires mais pas moins ingénieuses dans leurs techniques de construction, les bâtisses des anciens sont ainsi réfectionnées aujourd’hui et servent souvent d’entrepôts ou d’annexes. Les hautes montagnes abritent encore de rares villages intacts dans leur structure. Mais hélas ils sont de plus en plus désertés par les jeunes pour les villes ou les villages des plaines
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Schéma global d'une maison traditionnelle kabyle
Toute construction, commence par la sélection des matériaux, les éléments de construction de la maison berbère sont :
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La Construction Collective de la Maison Kabyle, René Maunier | Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne, Jean-Bernard MICREAU |
La maison kabyle s’ouvre très souvent sur une cour intérieure centrale, “Afrag” ou "l’amrah" selon les régions. Commun à la famille élargie.
Si les frères ou sœurs habitent la maison en commun, leurs logements (axxam) sont répartis tout autour de la cour intérieure.
Dans le logement, la porte (tabburt) donne directement accès à la salle commune (tazaqa), et la porte extérieur (tabburt n’bara) donne sur la cour intérieure, Cette "salle commune" possède d’un côté le foyer de feu (l’kanoun) (parfois en cheminée incrustée dans le mur en maçonnerie de terre battue), en face de la porte d’entrée Tasga ou on retrouve le métier à tisser (Azetta).
Du côté opposé de la même salle, se trouve l’étable séparée d’un petit mur à claire-voie la « tadukant ». Une façon de se chauffer en hiver de la chaleur animale.
Espace intérieur (illust. Mohand Abouda AXXAM) |
(On voit bien « adduken », en dessous « ihriyen » les déférents ustensiles de cuisine utilisés)
La soupente située au-dessus de l’étable reçoit les « ikoufan », des volumineux réservoirs à huile, grains. L’akoufi est fait d’argile crue, modelée et blanchie du même kaolin dont se sert la maîtresse de maison pour revêtir les murs au printemps.
La maison kabyle encore de nos jours à comme particularité de posséder dans son jardin un figuier protecteur. Chaque forme, chaque élément, division des maisons gardent leur sens et leurs fonctions.
Par ailleurs, l’été pour les récoltes et la transhumance des animaux, chacun faisait sa propre hutte dans les « agounis », les pâturages des montagnes. La construction était autrefois la tour de force de l’industrie et de l’artisanat du pays kabyle. Se consacrer aujourd’hui à la préservation et la restauration des plus belles constructions c’est aussi préserver l’artisanat et tourisme de demain en Kabylie.
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Tabburt (porte d'entrée) |
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Lucarne | L’karmud (tuiles) |
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La division interne de la maison kabyle, son inscription dans la configuration spatiale du village, son processus d’édification permettent aussi de parler d’un modèle d’habitat kabyle. Par la forme qu’il prend, mais aussi par les liens territoriaux et de descendance qui unissent ceux qui l’habitent, l’espace de la société kabyle traditionnelle présente l’image d’une série de collectivités emboîtées présentant des cercles concentriques de fidélité qui ont leur nom, leurs biens et leur honneur.
Dans le village kabyle, la maison en tant qu’unité d’habitation abritant une famille conjugale n’est pas indépendante de la grande maison abritant la famille complète des parents immédiats. Dès qu’elle s’agrandit suite au mariage d’un des fils par exemple, une unité mitoyenne lui est accolée donnant ainsi une série d’habitations autour d’une cour. Quand elle s’agrandit encore, d’autres groupements d’unités s’établissent aux environs immédiats mais toujours à partir d’un centre, la maison originelle et l’établissement de nouvelles familles conjugales. Et seule une cour séparera ces demeures, l’ensemble communiquant avec l’extérieur grâce à un système de petites ruelles. Ainsi, une famille élargie englobant des cousins à la troisième génération formera une sorte de sous-quartier appelé « taxerrubt ».
Enfin, un groupement de ces sous-quartiers constituera le stade final de l’extension familiale et formera le quartier appelé « adrum ». Rien évidemment n’empêche des familles étrangères de venir s’agréger à ce quartier. Dès lors, l’ensemble des « iderma » constituera le village.
A l’échelon supérieur, le village fait partie d’une tribu. Et enfin plusieurs tribus peuvent s’allier conjoncturellement pour former une confédération. Cette série d’enchâssements suggère une imbrication étroite entre la configuration des espaces et les dispositifs sociaux. La maison ou le groupement de maisons a alors pour fonction d’être un médiateur social définissant non seulement une appropriation spécifique de l’espace mais aussi une territorialité.
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Place de la maison dans la société kabyle
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